Quatre gouverneurs de province congolais et un ancien conseiller du président de la République démocratique du Congo sont visés dans une plainte pour corruption ou fraude déposée par le chef de l’État Joseph Kabila et que l’AFP a pu consulter mercredi. Le document d’une vingtaine de pages adressé mardi au procureur général de la république vise nommément quatre gouverneurs : Moïse Katumbi (Katanga, sud-est), Alphonse Ngoy Kasanji (Kasaï-Oriental, centre), Alex Kande (Kasaï-Occidental, centre) et Marcellin Chisambo (Sud-Kivu, est).
La plainte, adressée au nom de M. Kabila par son conseiller spécial pour la lutte contre la corruption, le blanchiment et le terrorisme, vise également l’ancien directeur de cabinet du président, Gustave Beya Siku et une quinzaine d’autres personnes, parmi lesquelles d’anciens hauts fonctionnaires.
La plainte dénonce des faits de « corruption », « fraudes » et « détournements ».
Elle demande au procureur général de la République d’enquêter sur des allégations de fraude douanière à l’encontre de M. Katumbi, et de corruption à l’encontre des trois autres gouverneurs.
Selon le document, M. Beya Siku, récemment remercié par M. Kabila, se voit reprocher d’avoir empoché des pots-de-vin en échange de l’attribution du marché du raccordement de Kinshasa par fibre optique à Moanda (sud-ouest), point d’arrivée du câble de télécommunication transatlantique.
Aucun des intéressés n’avait pu être joint mercredi soir pour réagir à cette plainte.
Populaire homme d’affaires richissime passé à la politique, M. Katumbi, membre du parti de M. Kabila, fait figure d’éventuel successeur à ce-dernier, au pouvoir depuis 2001.
La Constitution interdit à M. Kabila de se présenter à la prochaine présidentielle prévue pour novembre 2016, mais l’opposition le soupçonne de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de cette date, et demande en vain au chef de l’État d’annoncer publiquement qu’il quittera ses fonctions à la fin de son mandat.
En janvier, alors qu’un conflit larvé opposait MM. Katumbi et Kabila, le gouvernement avait révoqué le chef de la Direction générale des douanes et accises (DGDA) au Katanga en affirmant vouloir ainsi lutter contre la fraude à la frontière de cette province par laquelle transite la quasi-totalité de la production minière du pays.
Mi-mai, une commission d’enquête de l’Assemblée nationale dénonçait le coût exorbitant du raccordement de Kinshasa à Moanda par la fibre optique et les conditions d’attribution de ce marché.
Pays parmi les moins développés de la planète, la RDC est aussi l’un des plus corrompus au monde.
Le procureur général de la République est rattaché à la Cour suprême de justice, habilitée à juger les hauts-fonctionnaires et les élus.
Avec l’AFP
Le chef de l’Etat, Joseph Kabila, a déposé sa première plainte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Elle a été remise mardi 23 juin au Parquet de la République par le conseiller spécial du Président de la RDC pour la bonne gouvernance, Luzolo Bambi Lesa.
Selon lui, plusieurs plaintes provenant des dénonciateurs dont s’est approprié le Président de la République font état des détournements de deniers publics et de corruption presque dans tous les secteurs de la vie nationale.
« Le Chef de l’Etat vient ainsi d’accomplir sa part de responsabilité. A la justice aussi d’accomplir la sienne », a déclaré Luzolo Bambi.
Ancien ministre de la Justice, Luzolo Bambi a été nommé en mars dernier, conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
En entrant en fonction, il avait promis d’agir et d’en faire le rapport endéans trois mois.
Deux mois après, il avait indiqué que « la corruption est devenue endémique en RDC », et qu’il fallait l’arrêter. Il avait dénoncé une fraude fiscale de quinze milliards de dollars américains, enregistrée au pays chaque année, alors que son budget annuel est de huit milliards.
La RDC occupe la 154e place sur 174 pays parmi les pays les plus corrompus, selon le rapport sur la corruption publié en décembre dernier par Transparency International. Le pays occupait la même position l’année passée.
Radiookapi
Le président congolais prononcera lundi 8 décembre un discours très attendu sur l’état de la Nation. Se risquera-t-il à répondre aux questions sensibles sur la modification de la Constitution et sur ses intentions pour 2016 ? L’attente est grande à Kinshasa.
L’occasion est unique pour Joseph Kabila de couper court à une crise politique qui traîne depuis plusieurs mois en République démocratique du Congo (RDC), pays qu’il dirige depuis 2001. Lundi 8 décembre 2014, le président congolais doit prononcer son discours annuel sur l’état de la Nation devant les deux chambres parlementaires. A force de silence, de discours creux et incantatoires, à l’instar de celui prononcé à Dakar au Sommet de la Francophonie, Joseph Kabila a l’opportunité de clarifier une situation politique des plus confuses.
Modification de la Constitution ?
Plusieurs questions mériteraient des réponses claires de la part du chef de l’Etat congolais, qui entretient savamment le flou et l’ambiguïté sur l’avenir du pays. La première question qui brûle les lèvres de beaucoup de Congolais est de savoir ce que compte faire Joseph Kabila en 2016, date des prochaines élections présidentielles ? Selon la Constitution, il s’agirait du dernier mandat de Joseph Kabila à la tête de la RDC. Les textes interdisent en effet au président de briguer plus de deux mandats consécutifs. Si Joseph Kabila ne souhaite pas se retirer des affaires, comme le pense l’opposition, modifiera-t-il la Constitution et par quel moyens ? Par un vote du Congrès ou par référendum ?
Flou électoral
Sur la tenue des élections locales en 2015 et générales en 2016, les questions sont là encore nombreuses. Sans calendrier précis ni budget, comment la Commission électorale (CENI) pourra-t-elle organiser à temps les différents scrutins ? La question est d’autant plus importante que les élections locales doivent débuter dans 6 mois et que toutes les conditions sont loin d’être remplies pour des élections crédibles – voir notre article. L’Union européenne demande des garanties pour pouvoir financer les scrutins et l’ONU prévient : « Pas de soutien logistique de la Monusco sans feuille de route et budget pour les élections. »
Gouvernement de cohésion nationale et sécurité
Côté politique intérieure, les questions sans réponse ne manquent pas non plus. Le président Kabila avait annoncé la création « imminente » d’un gouvernement de cohésion nationale en octobre 2013. Plus d’un an après, le gouvernement de consensus est toujours au point mort, maintes fois reporté. Joseph Kabila devrait donc expliquer devant les deux chambres ce lundi les raisons de ce « retard » et une date pour la création effective de ce gouvernement. Autre question : la sécurité. Les massacres à répétition continuent dans l’Est du pays, autour de la région de Beni au Nord-Kivu – voir notre article. L’armée congolaise semble toujours inefficace dans cette zone et incapable d’assurer la sécurité des populations (la Monusco, présente également dans la zone, non plus). Que compte faire le président Kabila pour améliorer la situation à l’Est ? La victoire sur le M23 ne suffit pas. Il reste encore une cinquantaine de groupes armés au Nord et Sud-Kivu, ainsi qu’au Nord-Katanga. Il y toujours 2,7 millions de réfugiés internes en RDC… c’est dire la gravité de la situation. Les programmes de démobilisation, de désarmement et de réinsertion des rebelles du M23, comme des autres groupes armés et des FDLR, sont dans l’impasse. Que compte faire Joseph Kabila ?
La crise politique couve
Sans réponse à ces questions, le président Joseph Kabila aura perdu son temps devant le Congrès ce lundi… et les parlementaires aussi. A force de louvoyer et de jouer la montre, le président congolais ne fait que retarder l’entrée de la RDC dans la pacification. L’Est du pays n’est toujours pas stabilisé et la crise politique couve à Kinshasa. Le renversement du Burkinabé Blaise Compaoré au Burkina a été suivi de près dans les cercles du pouvoir congolais. La crainte d’un « printemps africain » n’est pas à exclure sur les rives du fleuve Congo – voir notre article. Le besoin de clarification est donc très attendu dans la capitale congolaise. Joseph Kabila en aura-t-il le courage politique ? Réponse lundi 8 décembre.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
La situation au Burkina est scrutée avec attention en RDC où le débat sur une possible révision constitutionnelle fait rage. Les responsables de la prison centrale de Kinshasa ont confisqué tous les postes téléviseurs qui étaient dans les cellules des prisonniers pour empêcher les détenus de suivre l'évolution de la situation à Ouagadougou. Les Congolais suivent aussi avec amusement les mésaventures d'une délégation de la majorité partie au Burkina Faso étudier la stratégie utilisée par le président Compaoré pour faire modifier la Constitution.
A la prison centrale de Kinshasa, des postes de télévision ont été retirés des cellules, question de ne pas permettre aux prisonniers de suivre le déroulement des évènements du Burkina Faso, déclarent les détenus.
Au même moment circulent sur les réseaux sociaux des informations faisant état des difficultés de la délégation de la majorité présidentielle à Ouagadougou. Des politiques congolais, dont certains de la majorité, affirment que, partis pour s’inspirer des stratégies du maintien au pouvoir de Blaise Compaoré, les membres de cette délégation ont appris une autre leçon. Les derniers bouleversements au Burkina Faso ont montré comment on pouvait quitter le pouvoir si l'on ne respectait pas les textes auxquels on avait soi-même souscrit.
Le recensement général au secours de Kabila?
Et dans la mouvance kabiliste, on parle d’une autre cartouche pour éviter l’alternance : il s’agit du recensement général. Pour certains ténors de la majorité, le recensement devrait glisser jusqu’en 2019, ce qui ne permettrait pas la tenue de la présidentielle avant cette date. Mais dans la population, certains disent croire en la capacité du peuple congolais de réaliser le tour de force des Burkinabè.
(Avec RFI)
Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, s’est engagé vendredi 31 octobre 2014 à Beni (Nord-Kivu, Est) s’est engagé à « tout mettre en œuvre pour éradiquer le phénomène des massacres des populations civiles en ville et territoire de Beni ».
Y séjournant pour réconforter la population lourdement frappée par le massacre de plus de 100 personnes au mois d’octobre par des rebelles ougandais de l’ADF-Nalu, il a fait de nouvelles promesses dans le cadre de la sécurisation des personnes et de leurs biens en territoire de Beni, dans son adresse à l'ensemble de la population de Beni à travers une conférence à l'hôtel Beni.
« Le Grand Nord-Kivu n’a jamais été vendu »
Après qu’« une minute de silence » ait été « observée en mémoire des compatriotes qui ont trouvé la mort lors des massacres des populations civiles », le chef de l’Etat a rassuré que « le Grand-Nord Kivu n’a jamais été vendu, comme le prétendent des gens non informés qui trompent la population ».
« Ceux qui lient les événements de Beni à cette prétendue vente du Grand Nord ne visent qu’à désinformer la population et semer une haine en elle contre les autorités. On ne peut pas parler de vente sans connaître le vendeur, l’acheteur, le marché et le prix de vente », a martelé Joseph Kabila.
Il a aussi précisé qu’« il n’a pas de relation entre les FDLR et cette hémorragie sécuritaire », en soulignant que « ceux qui donnent de telles informations à la population n’ont d’autres objectifs que de tromper la vigilance de la population ».
« A ceux qui pensent que le gouvernement a quelque chose à voir dans ces massacres ou des intérêts de quelque genre que ce soit », le chef de l’Etat a tenu à mettre « fin à ces informations qui sont de l’intoxication ».
Il a, par ailleurs, appelé la population de Beni à « une participation très active en dépit de la franche collaboration qui les caractérise avec les forces de sécurité, pour enfreindre l'activisme des groupes armés dont les ADF-NALU qui ont endeuillé plusieurs fois le Nord-Kivu ».
Renforcement des dispositifs sécuritaires
Aux représentants toutes les couches sociales de la population de Beni, le président Joseph Kabila a annoncé « le renforcement des dispositifs sécuritaires » et « le changement au sein des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) dans cette zone opérationnelle ».
L’objectif, a-t-il expliqué, est de « contenir efficacement la problématique de la recrudescence de l’insécurité qui s’observe à grande échelle dans cette partie de la République».
Il a insisté sur le fait que « le gouvernement ne pourra jamais négocier avec ces rebelles ougandais, mais s'emploi à les contraindre ou mieux à les défaire dans leurs nouvelles positions et avec leur nouveau mode d'opération ».
 « La frappe qu’ils vont subir ne sera pas comme celles qui se sont déroulées dans cette zone. Ils peuvent se mettre à emballer leurs bagages », a-t-il menacé, en faisant remarquer qu’« il est important que l’ennemi soit bien identifié, l’ADF ».
Reconnaissant qu'« il y a des défis à relever », Joseph Kabila a dit compter sur « la responsabilité de tout le monde pour relever le défi sécuritaire ». Aussi, a-t-il recommandé à la population de « bannir le complexe pour vaincre l'ennemi, l'objectif ultime étant de ramener et consolider la paix », en dépit de l’existence de « certaines complicités ».
A cette occasion, il a félicité « la bravoure de la Police nationale congolaise qui arrête certains auteurs des enlèvements constatés, il y a peu, à Butembo ».
Auparavant, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a salué la présence du Président de la République à Beni, « une présence qui constitue, non seulement un réconfort moral mais davantage une assurance pour les populations désespérées ».
(Avec Le Potentiel)
L'opposition congolaise dénonce une réforme de la Constitution proposée par la majorité présidentielle. Selon elle, cette modification, incluant un changement de mode de scrutin, permettrait à Joseph Kabila de briguer un troisième mandat.
Le président congolais Joseph Kabila planifierait-il "un coup d'Etat constitutionnel" ? Pour les opposants, il ne fait aucun doute. Opposition et acteurs de la société civile se mobilisent, vendredi 28 mars, contre une réforme de la Constitution, qui selon eux viserait à permettre à l’actuel président de rester aux rênes du pays au-delà de 2016, date du prochain scrutin présidentiel. À ce jour, le chef de l’État n’est pas autorisé à briguer un troisième mandat.
La Majorité présidentielle (MP) a indiqué la semaine dernière qu'elle envisageait "sérieusement" un référendum pour modifier l'article 197 de la Constitution congolaise. Si cette modification est acceptée, les élections des députés provinciaux de 2015 pourraient se tenir au suffrage indirect plutôt que direct. Un cas de figure dénoncé par Vital Kamerhe, président du parti d'opposition, l'Union pour la nation congolaise (UNC). "Tout le monde rejette le suffrage indirect, on va confisquer la souveraineté du peuple", a réagi cet ancien allié de Kabila à l'AFP. "Nous allons dénoncer ce coup d'État constitutionnel."
Une première révision de la Constitution en 2010
Vital Kamerhe craint notamment que la réforme ne se limite pas au scrutin local comme indiqué et que, à terme, le président soit élu au scrutin indirect par le Parlement. Ainsi, "nous aurons pratiquement [...] une nouvelle République" et l'on pourra dire que "les compteurs sont remis à zéro" en ce qui concerne les mandats présidentiels, aujourd'hui limités à deux, a-t-il redouté.
La majorité présidentielle a pour sa part tenu à rassurer la population, via un discours télévisé du président du Parlement, en niant toute volonté de "comploter [...] contre la Constitution".
Mais pas de quoi apaiser l’opposition qui voit, dans cette annonce, une deuxième faute majeure du gouvernement. Les Congolais "ont déjà connu une première faute lorsque la majorité a révisé de façon cavalière la Constitution en 2010", a déclaré Vital Kamerhe. Cette manœuvre a facilité la réélection de M. Kabila quelques mois plus tard en ramenant la présidentielle de deux tours à un.
Autre sujet d’inquiétude : la majorité a affirmé sa volonté d’entreprendre un recensement administratif de la population en vue de l’échéance électorale de 2016. Une perspective dénoncée par plusieurs dirigeants de l'opposition qui y voient une manœuvre pour reculer la date du scrutin présidentiel, vu l'ampleur de la tâche dans un pays aux infrastructures sommaires et au territoire grand comme cinq fois la France.
Kinshasa, 29/03/2014 (AFP/France 24 via Aucongo)
Dans sa ferme de Kingakati, Joseph Kabila a réuni jeudi les cadres de sa famille politique pour faire le point sur la situation politique dans le pays.
Selon nos informations, le président congolais a soutenu l'option d'une modification constitutionnelle pour changer le mode de scrutin de la prochaine présidentielle, qui serait prévue en 2015 au lieu de 2016.
Que s'est-il réellement dit, le 20 mars, à la grande messe de Kingakati ? Retranchés à 80 km de la ville de Kinshasa à partir de la mi-journée, dans la ferme privée du président congolais Joseph Kabila, quelque 500 cadres – membres du gouvernement, gouverneurs de province, chefs des partis de la Majorité présidentielle (MP), ambassadeurs congolais séjournant en RDC – ont répondu présents à l'invitation de leur chef.
Téléphones, caméscopes et autres enregistreurs étaient interdits dans la salle de réunion. Une façon de garder secret la teneur des propos tenus.
"Un discours de combat"
Selon nos sources, Joseph Kabila a prononcé devant ses partisans un" discours de combat". Le chef de l'État congolais s'est exprimé en faveur d'une révision constitutionnelle et d'un bouleversement du calendrier politique. Son voeu ? Que la prochaine présidentielle se tienne au suffrage indirect… en 2015, au lieu de 2016 comme prévu par la loi fondamentale.
Une prise position saluée par des applaudissements de quelques zélés de la majorité au pouvoir : "Nous sommes prêts à mourir pour toi, Joseph", auraient-ils lancé à leur chef. Mais dans la salle, d'autres cadres, plus réservés, sont restés dubitatifs.
>> Lire aussi RDC : Election en RDC: Kabila veut-il contourner le verrou constitutionnel?
Et Joseph Kabila de marteler, toujours selon nos informations, qu'il n'avait peur de personne et qu'il ne pouvait plus continuer à cogérer le pays avec la Monusco, la mission onusienne en RDC.
Kinshasa, 22/03/2014 (Jeuneafrique via Aucongo)
En prêtant une oreille attentive aux parloirs qui brument, actuellement, le ciel politique, l’on est bien tenté de conclure que certains esprits ont parfois des raisons que la raison, elle-même, ignore. En effet, un débat bourré de suspicions gratuites se cristallise fortement autour de la fin du second mandat de Joseph Kabila.
Au fait, partira, partira pas en 2016 ? Tentera-t-il d’impulser l’idée de la révision de  la Constitution, surtout dans son fameux article 220 qui l’empêche de se représenter, pour la troisième fois consécutive, à la présidentielle ? Sa famille politique, la Majorité Présidentielle, concocterait-elle un tout nouveau stratagème dans le but de prolonger ses jours au Palais de la Nation ? Autant d’agitations sur une question dont le concerné n’a, pourtant, rien dit jusqu’ici. Si ce ne sont que quelques interventions éparses de ses lieutenants dont Aubin Minaku, SG de la MP qui, d’ailleurs, dans  Jeune Afrique, avait laissé entendre que son chef respecterait la Constitution. Mais, cette déclaration, à elle seule, n’a pas eu d’effets atténuants. Puisque la méfiance est toujours vive chez des anti-Kabila. Dans sa chronique du lundi 17 mars dernier, RFI en a même fait ses choux gras, en parlant d’une proposition attribuée, à tort ou raison, à  plusieurs cadres de la Majorité et qui, semble-t-il, exhumerait sur scène  cette affaire de la modification, éventuelle, du mode de scrutin pour la présidentielle (suffrage direct à l’indirect). Une énième spéculation qui n’a pas manqué de croyants, dans la faune et flore politique congolaises. S’agit-il, là , d’une simple vue d’esprit, d’un plan B ou d’un véritable débat de société ? Qui a raison et qui a tort, dans cette sorte de fuite en avant ? Que faire, pour sortir du bourbier ? Les dés sont donc jetés.
Le hiatus, dans cette démarche focalisée sur un individu, est dans ce qu’il convient d’appeler mettre la charrue avant le bœuf. Toute chose restant égale par ailleurs, avant que 2016 puisse être bel et bien une année électorale pour la présidentielle, il y a des gros défis à relever en amont. La CENI de Malumalu ne manque pas de plan, pour y parvenir. Depuis quelques mois, elle a soumis  à l’appréciation de la classe politique et sociale,  deux hypothèses du projet de feuille de route du cycle électoral 2013-2016. Dans ces deux hypothèses, la présidentielle, tout comme les législatives nationales, restent maintenues pour 2016. En lieu et place d’un soutien, Malumalu récolte plutôt  un désaveu, au point de voir circuler une pétition dans la rue réclamant, ipso facto,  sa démission. Obtenir le départ du Président l’Abbé de la centrale électorale et de toute son équipe reviendrait à mettre les battons dans les roues qui, pourtant, sont sur le chemin qui mène  vers la présidentielle  2016, par ceux-là  même qui ne jurent qu’au départ de Kabila.
On parle d’un plan que la MP cogiterait pour rallonger le séjour de son autorité morale à la tête du pays. Voilà un autre, plus concret, que peaufinent, les yeux bandés, ses détracteurs. Comme les Sénateurs, Députés provinciaux et Gouverneurs, ce plan consisterait à offrir un mandat cadeau à JKK, sans référendum, ni retouche de la Constitution. Comment ? A défaut d’organiser la présidentielle 2016 dans le délai, l’actuel Président restera ‘’en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu’’. L’article 70, deuxième alinéa, de la Constitution le stipule, noir sur blanc.
Tous les subterfuges actuels allant à faire tabula rasa du processus électoral ne serait qu’une manière de désactiver les mécanismes de ce départ tant recherché. Pourtant, l’heure était indiquée, pour scruter à la loupe les hypothèses de Malumalu. C’est le moment d’arrêter de personnaliser la démocratie autour d’un seul individu. 2016 est aussi le rendez-vous des Députés nationaux. C’est aussi  le moment de dépassionner le débat, pour le plus grand bien de la jeune démocratie congolaise. C’est, enfin, le moment de mettre fin à l’agitation et de retrouver la voie de la raison. Sans élections, pas de changement en 2016. Ou, alors, pas de changement, sans élections en 2016.
Kinshasa, 19/03/2014 (La Prosperité via Aucongo)
Le Président Joseph Kabila Kabange s’est imprégné des accords conclus entre la République unie de Tanzanie et la République Démocratique du Congo dans le secteur des transports aérien, ferroviaire et lacustre, au cours d’un entretien mardi, à Kinshasa, avec le ministre tanzanien des Transports, Harrison G. Mwakyembe.
L’émissaire de Chef de l’Etat tanzanien a indiqué, au sortir de l’entretien, qu’il a remis au Président Joseph Kabila Kabange un message écrit de son homologue tanzanien, Mrisho Jakaya Kikwete, ayant trait au renforcement et à la redynamisation des relations de coopération entre Dar Es-Salaam et Kinshasa. Le ministre tanzanien des Transports a par ailleurs fait savoir que les accords conclus avec son homologue de la RDC portent essentiellement sur la réhabilitation et la modernisation, par les deux parties, des ports tanzaniens de Dar Es-Salaam et de Kigoma, en vue de rendre plus fluide la circulation des marchandises. « C’est au port de Kigoma que les commerçants vont récupérer leurs marchandises », a-t-il précisé. Il est aussi prévu la réhabilitation par les deux pays des locomotives en panne afin de relancer les activités de la société tanzanienne de chemin de fer. « Un accord relatif à l’ouverture d’une ligne aérienne par la société aérienne nationale de la Tanzanie, « Air Tanzania », entre Dar Es-Salaam et Kinshasa via Lubumbashi » est également envisagé, a-t-il confirmé, ajoutant que cette compagnie pourra desservir la partie orientale de la RDC, particulièrement région du Kivu.
Les deux parties se sont également accordées à acheter un ou deux bateaux pour relier le port tanzanien de Kigoma à celui de Kalemie en RDC, étant donné que celui qui dessert actuellement les deux pays est vieux de cent ans.Â
Kinshasa, 19/03/2014 (ACP via Aucongo)
Il pourrait créer la surprise en quittant le pouvoir en 2016. À moins qu'un report "technique" de la présidentielle lui permette de jouer les prolongations. Entre ces deux hypothèses, rien ne démontre que le chef de l'État a déjà pris sa décision.
"Le président Kabila respectera strictement ce qui est écrit dans la Constitution. Pas plus de deux mandats successifs. En 2016, il y aura un passage de flambeau civilisé entre un président qui sort et un président qui entre"... Cette déclaration de Lambert Mendé, porte-parole du gouvernement congolais, le 9 mars sur RFI et TV5 Monde, n'en finit pas de faire jaser. D'abord, il y a ce mot "civilisé". Il est vrai que, depuis l'indépendance, le Congo - comme la Russie du temps d'Ivan le Terrible - n'a jamais connu de transition pacifique. De Patrice Lumumba à Joseph Kabila, en passant par Mobutu et Laurent-Désiré Kabila, le pouvoir s'est toujours transmis dans la violence et le crime. Selon la Constitution, Joseph Kabila ne peut pas se présenter à la prochaine présidentielle et doit céder la place au plus tard le 19 décembre 2016. En avril 2000, les Sénégalais ont écarquillé les yeux en voyant Abdou Diouf faire l'accolade à son successeur, Abdoulaye Wade, lors de la cérémonie la plus civilisée au monde. Aujourd'hui, les Congolais se prennent à rêver de la même chose. Mais beaucoup ont du mal à y croire.
Après 2006 et 2011, Joseph Kabila va-t-il se présenter une troisième fois ? Pour cela, il doit toucher à l'article 220 de la Constitution, qui interdit de modifier "le nombre et la durée" des mandats du chef de l'État. Or cet article est intangible. Il lui faut donc changer de Constitution par référendum. Un acte lourd. "S'il ne trouve pas une porte de sortie, je pense qu'il ira au référendum", pronostique Pierre Jacquemot, ex-ambassadeur de France à Kinshasa et aujourd'hui chercheur associé à l'Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris). "Il est tenté parce qu'il est jeune - 43 ans -, il a pris goût au pouvoir, et l'opposition s'est beaucoup modérée grâce à la distribution de nombreuses rentes." Tout le monde ne partage pas cet avis. "Il est vrai que sa famille et les caciques du clan des Katangais vont tout tenter pour qu'il reste aux affaires. Mais toucher à la Constitution c'est mettre fin au processus démocratique et se couper de la communauté internationale", estime un proche de Léon Kengo wa Dondo, le président du Sénat. "Au contraire, s'il se retire, il aura la sympathie de l'opinion, qui ne cache plus son ras-le-bol à l'égard du contrôle excessif des Katangais sur l'appareil d'État."
"Joseph Kabila a déjà modifié la Constitution"
"Franchement, je ne le vois pas quitter le pouvoir", lance l'opposant Samy Badibanga, le chef du groupe de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, d'Étienne Tshisekedi) à l'Assemblée nationale. "Depuis les concertations nationales d'octobre 2013, il fait du forcing pour élargir sa majorité. Je crains qu'il n'organise un référendum avec le soutien de prétendus opposants." Réplique d'Aubin Minaku, président de l'Assemblée nationale et secrétaire général de la majorité présidentielle : "Le chef de l'État respectera la Constitution. Il partira le jour où il y aura un autre président élu." Oui, mais n'y a-t-il pas des résistances dans son entourage ? "Nous avons encore assez de temps pour que tout le monde comprenne qu'il est un homme de principes."
Au-delà des principes, il y a le rapport des forces. Dans l'opposition, Vital Kamerhe, le président de l'Union pour la nation congolaise (UNC), craint l'influence néfaste des "courtisans" autour de Joseph Kabila - des courtisans qu'il connaît bien, puisqu'il a été le directeur de campagne du candidat Kabila en 2006. "Minaku et Mende promettent qu'il partira, c'est bien, dit-il, mais rappelez-vous que Joseph Kabila a déjà modifié la Constitution en 2011 pour supprimer le second tour de la présidentielle. Chat échaudé craint l'eau froide. Et le peuple devra rester en éveil, comme au Sénégal en 2011, quand Dakar s'est soulevé contre la tentative d'Abdoulaye Wade de bricoler la Constitution." Vital Kamerhe, qui se refuse à tout esprit revanchard contre Kabila et qui plaide pour la création d'un véritable statut d'ancien chef d'État au Congo, compte aussi sur la très influente Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui se bat pour le respect de l'article 220 de la Constitution.
À l'étranger aussi, le débat est lancé. Dans la sous-région, le Congolais Denis Sassou Nguesso (DSN) et l'Angolais José Eduardo dos Santos, arrivés tous deux aux affaires en 1979 - avec une parenthèse de cinq ans dans l'opposition pour DSN, entre 1992 et 1997 -, semblent vouloir garder la place, et n'ont sans doute pas intérêt à ce que leur cadet Kabila, qui n'occupe le Palais de la nation que depuis 2001, montre l'exemple de l'alternance au bout de quinze années de pouvoir. Le Rwandais Paul Kagamé et le Burundais Pierre Nkurunziza font peut-être le même calcul. En effet, ils accomplissent tous deux officiellement leur deuxième et dernier mandat, mais pourraient être tentés d'en briguer un troisième. En revanche, l'Américain Barack Obama tient au respect de la loi fondamentale et l'aurait récemment fait savoir à son homologue congolais par l'entremise de Russ Feingold, son envoyé spécial pour la région des Grands Lacs.
Côté européen, tout le monde a en mémoire la poignée de main glaciale Hollande-Kabila lors du sommet de la Francophonie d'octobre 2012 à Kinshasa. Aujourd'hui, les messages passent notamment par Jean-Pascal Labille, le ministre belge de la Coopération au développement - qui a été marié à une Belge d'origine congolaise dont il a eu trois filles. Sans doute les relations Kabila-Labille sont-elles plus cordiales, mais, après la présidentielle de 2011, l'Union européenne n'a pas hésité à déclarer : "En raison de nombreuses irrégularités et fraudes, les résultats ne sont pas crédibles."
"Kabila attend les six derniers mois de son mandat pour se décider"
Joseph Kabila touchera-t-il ou non à la Constitution ? Un troisième scénario est possible : un report "technique" de la présidentielle au-delà de novembre 2016. Compte tenu de la polémique dont le fichier électoral fait l'objet depuis 2011, un recensement administratif de toute la population paraît nécessaire avant le prochain scrutin. "Vu les critiques qui ont été émises en 2011, nous devons sécuriser davantage les prochaines élections", admet Aubin Minaku. Et malgré les mauvaises relations entre le camp présidentiel et l'UDPS, le secrétaire général de la majorité présidentielle n'hésite pas à dire : "Pour une fois, ce recensement est une demande objective de l'opposition radicale." Pourra-t-il se faire avant novembre 2016 ? "Il faudra respecter les délais dans la mesure du possible, répond Minaku, mais s'il y a un cas de force majeure, la Ceni [Commission électorale nationale indépendante] pourra saisir la Cour constitutionnelle, qui pourra elle-même autoriser un report à une date bien déterminée. L'essentiel est de trouver un consensus pouvoir-opposition qui sauvegarde la stabilité et l'unité du pays." Un consensus avec tout le monde ? "Disons un consensus moins un, si Étienne Tshisekedi continue d'évoluer en marge du cadre républicain", précise le président de l'Assemblée nationale.
Que fera Kabila ? "Je crois qu'il ne s'est pas encore fait une religion et attend les six derniers mois de son mandat pour se décider", parie Pierre Jacquemot. "Vous savez, la première fois qu'il m'a reçu au Palais, il m'a dit : "Mon grand-père a été assassiné, mon père aussi, et je pense que mon destin est relativement précaire"."
Â
La tentation d'un scénario à la poutine
"Si Joseph Kabila quitte le pouvoir, il sera peut-être tenté de faire le coup de Poutine", souffle l'un de ses proches. En 2008, pour respecter la Constitution, le numéro un russe avait laissé la présidence à Dmitri Medvedev et s'était installé à la primature avec des pouvoirs élargis. Puis, en 2012, il était revenu à la tête de l'État. Pour Joseph Kabila, tout le problème est de trouver un "Medvedev congolais" qui acceptera de s'effacer au bout de cinq ans de présidence. À Kinshasa, on évoque les noms d'Augustin Matata Ponyo, le Premier ministre, d'Aubin Minaku, le président de l'Assemblée nationale, ou d'Évariste Boshab, son prédécesseur. Dans le "clan des Katangais", on parle de Jean-Claude Masangu, l'ex-gouverneur de la Banque centrale, ou d'Albert Yuma Mulimbi, le patron des patrons. Circulent encore les noms d'Olive Lembe Kabila, la première dame, et de Janet Kabila, la soeur jumelle du président, qui est aussi députée. Reste à être élu au suffrage universel...